La disponibilité de la capacité d’injection sur les réseaux de distribution de gaz est un enjeu du développement de la méthanisation.

La capacité d’injection d’un projet de méthanisation est arrêtée au minimum de la consommation du réseau de gaz, soit en période estivale. Dès lors en zone rurale les projets sont bien souvent limités pour valoriser leur potentiel de production.

Ci-dessous un exemple typique d’un projet pouvant valoriser 130 Nm3/h de biométhane (soit 12 500 MWhPCS/an). Avec une consommation nulle sur l’ensemble des WE de Mai à Octobre, le projet sera dans l’incapacité d’injecter 10% de sa production (perte de chiffre d’affaire de ~150 k€/an).

Ce manque à gagner rend le projet impossible à rentabiliser économiquement.

Capacité du réseau & Débits d’injection

Depuis juin dernier et jusqu’à la fin de l’année 2019, GrDF a lancé un appel à idée FLORES pour renforcer la capacité d’injection dans les réseau (FLORES = Flexibilité Opérationnelle du Réseau).

Ce programme invite à étudier des axes d’amélioration du côté de la consommation (création de station GNV sur la maille concernée par exemple…) ou du côté de la production (stockage de gaz en période de creux, solution de gaz portée…).

Les détails de ce programme sont accessibles via le lien suivant : www.injectionbiomethane.fr/actualites/appel-a-idees-du-programme-flores/

Des solutions existent et à des coûts acceptables et sans forcément ajouter de contraintes techniques et réglementaires significatives.

Pour le cas mentionné, nous avions étudié quatre solutions pour adapter la production:

  • Stockage du biométhane en période de creux :
    • 8 000 Nm3 (~60h de production) sous forme comprimée à 250 bars
    • 12 000 Nm3 (~90h de production)  sous forme liquide à très basse température
  • Injection sur le réseau de transport GRT/Teréga sans limite de capacité d’injection
  • Variation du débit de 150 Nm3/h (hiver) à 80 Nm3/h (été) (courbe violette du graphique ci-dessus). L’excédent en été est brûlé en torchère.

En substance ci-dessous, voici la comparaison de ces divers solutions :

(1) Compresseur +rack de bouteilles acier
(2)
Coût de raccordement GRT/Teréga à 330 k€ contre 50 k€ sur le réseau de distribution
(3) Hypothèse faite sans surdimensionnement de l’installation pour augmenter la production en hiver
(4) Les coûts d’injection sur GRT/Teréga et GrDF sont à présent équivalents


CONCLUSIONS :
Chaque projet est différent et la meilleure solution lui appartient.

Les récentes évolutions sur les conditions de raccordement au réseau de transport GRT/Terega (baisse des coût de raccordement) rendent cette solution attractive sous réserve de disponibilité du foncier et de l’atteinte d’un débit suffisant (le ticket d’entrée pour l’injection sur les réseaux de transport est de l’ordre de 200 Nm3/h).

Le stockage sous forme COMPRIME ou LIQUIDE est une solution intéressante mais attention aux contraintes réglementaires de (ICPE-4310 et ICPE 4718) et à la difficulté technique lors du déchargement des stockages dans le réseau.

La solution de variation et de TORCHAGE de l’excédent est séduisante car ne nécessite aucun surinvestissement si ce n’est le surdimensionnement en période hivernal (passage de 130 à 150 Nm3/h).
Néanmoins elle pose le problème de la baisse du tarif d’achat indexé sur le débit max. Ajouté au torchage nécessaire, cette solution ne permettrait de récupérer que  30% du manque à gagner (55k€/an contre 150 k€/an).
 La filière avait évoqué la nécessité d’annualiser le tarif d’achat pour faciliter ce type de solution. A suivre donc…